La femme aux yeux verts

Au fond du grenier ,un vieux meuble en chêne clair
En ces jours de congé,ma curiosité s'en vient rôder,
Là sur un rayon,le portrait d'une femme aux yeux verts,
Et dont le corps étrange et bronzé se tordait.

Elle avait des bijoux d'un éclat fascinant
Qu'un lapidaire aurait choyé dans sa boutique
Et semblait les secouer d'un geste impressionnant
Comme pour attirer quelque esprit maléfique.

Elle avait le regard profond comme l'abîme,
Et ses cheveux très noirs et tombants sur les reins
La rendaient plus sauvage et bien plus bellissime;
Un charme qu'eût aimé l'esprit Baudelairien!

Elle avait la poitrine d'un galbe parfait
Que la main de l'artiste eût bien dessinée
Et ses jambes très fines,comme celles des fées,
Ajoutaient à sa grâce,un style noble prononcé!

Elle semblait distraire un Emir ou un Roi,
Car ainsi tout près d'elle,altiers et luxuriants,
S'élevaient des colonnes de plâtre à orfrois,
Pareils aux grands portiques des palais d'Orient!

Pour achever l'ampleur et le charme naissants
D'un si riche tableau,j'aurais longtemps aimé
Dans ce décor,humer les effluves douces des encens,
Et m'assoupir au son des musiques rythmées.....

Sur un rayon de ce vieux meuble en chêne clair
Ma curiosité en ce jour fût récompensée
J'ai trouvé,le portrait d'une femme aux yeux verts,
Et dont le corps étrange et bronzé se tordait.

Orfois:Nom qu’on donnait autrefois aux étoffes tissées d’or et dont on se servait pour désigner les parements